lundi 14 septembre 2009

[Livre] L’entretien de M. Descartes et M. Pascal le jeune - Jean-Claude Brisville - 1985


Le Thème : notule issue de WEBTHEA.COM

Jean-Claude Brisville a eu l’excellente idée d’imaginer une rencontre entre Descartes et Pascal, tous deux philosophes, brillants scientifiques et chrétiens, l’un jésuite, l’autre janséniste. Ils se seraient rencontrés une fois, mais on n’a jamais su ce qu’ils se sont raconté.

La Critique : notule issue de WEBTHEA.COM

La confrontation de ces deux visions du monde se situe à un tournant de la vie des deux hommes. Brisville a probablement conjugué deux moments plus éloignés dans le temps d’un an ou deux pour des raisons de dramaturgie.
Descartes, déjà âgé, s’apprête à rendre visite à la reine Christine de Suède, voyage dont il ne reviendra pas ; le tout jeune Pascal a décidé d’abandonner ses recherches scientifiques pour se retirer à l’abbaye de Port-Royal. Il est justement venu demander le soutien de Descartes pour un janséniste de ses amis en difficulté, démarche dont d’évidence il ne mesure pas la provocation.
On sent bien que, pour le philosophe, les jansénistes tiennent de la secte, il semble tenir Pascal pour une âme faible, victime du charisme de Jansenius, un habile gourou, et qui va dilapider son génie à des balivernes.
A travers cette joute oratoire savamment conçue, se dessinent, non seulement deux grandes personnalités, mais aussi tout une époque. Louis XIV impose son autorité au siècle et les jésuites leur doctrine au sein d’une Église qui persécute les jansénistes.
Les « intellectuels » courent après l’idée « d’honnête homme » tandis que Galilée est condamné par le saint-Office, ce qui incite Descartes à la prudence, et ce dont Pascal le raille. Cela pourrait avoir des airs de leçon d’histoire ou de théologie, or rien de dogmatique dans ce dialogue de haute tenue, mais pas du tout abscons parce que loin des théories concrètes, il repose sur l’humanité des deux hommes.

La pièce fut créée en 1985 avec l’inoubliable Henri Virlojeux dans le rôle de Descartes et Daniel Mesguich dans celui de Pascal.

[Livre] Talleyrand - Emmanuel de Waresquiel - 2006


Le thème : Charles Maurice de Talleyrand, un homme qui s'installera au pouvoir pendant plus d'un demi-siècle de l'ancien régime des années 1780 à la révolution de Juillet de 1830. Il servira pendant ces longues années neuf régimes et prêtera treize serments. Cette biographie présente dans sa complexité les multiples facettes de Talleyrand : le fameux "diable boiteux".

La Critique : Prêtre apostat, homme politique corrompu et affairiste, comploteur de haute volée et traître à ses (différents et nombreux) maîtres MAIS un exceptionnel diplomate, spécialiste des flux financiers de son temps, grand connaisseur des rouages politiques de l'Europe de 1780 à 1836. Talleyrand n'a jamais laissé indifférent.
Lui-même indiquait dans ses mémoires: "Je veux que pendant des siècles, on continue à discuter sur ce que j'ai été, ce que j'ai pensé, ce que j'ai voulu". Il fut exaucé au-delà de ses espérances.
L'ouvrage présente l'épopée politique de Talleyrand, de l'ancien régime jusqu'à la monarchie de Juillet en passant par la Convention, le Directoire et évidemment l'Empire Napoléonien. Talleyrand est un personnage exceptionnel de l'histoire de France. On reste sidéré par son cynisme, son "talent" de corrupteur et d'affairiste, sa capacité à rebondir politiquement à travers les crises que connaîtra la France de 1789 à 1830. Il donnera toutefois en 1814 à son pays - alors au bord du gouffre - son chef d'oeuvre de diplomate : une paix en Europe juste et solide qui restera dans les annales comme une merveille d'équilibre politique. C'est bien là, l'un des grands mérites de Talleyrand : avoir compris que la France avait besoin de réformes mais ne trouverait son salut que dans une stabilité intérieure et extérieure, stabilité qu'il a toujours appelé des ces voeux.
Ce livre est toutefois d'un accès ardu, très dense avec une quantité d'informations impressionnante.

lundi 2 mars 2009

[Livre] Elisabeth Ier - Michel Duchein - 1992


Elisabeth d'Angleterre (1533-1603) partage avec Périclès, Louis XIV et quelques autres le redoutable privilège d'avoir donné son nom à son siècle.
Elle est une des rares femmes à prendre place dans le cercle restreint des grandes figures emblématiques de l'Histoire. Elisabeth Ier, "la reine vierge" est inconstablement une figure contrastée, complexe et énigmatique.

L'ouvrage décrit l'être humain avec ses passions, ses forces et ses faiblesses derrière l'icône fardée et couverte de bijoux que nous montrent ses portraits officiels.
Fille d'Henri VIII et d'Anne Bolleyn exécutée par odre du roi, Elisabeth Ière avait peu de chance de régner mais des circonstances exceptionnelles et un sens politique affuté la menèrent au trône.
Refusant de se marier par hantise de perdre son pouvoir absolu au profit d'un homme, elle gérera sa succession de main de maître en imposant de fait la réunification des couronnes d'Ecosse et d'Angleterre.
Elle fut - et c'est un cas unique dans L'Europe de son temps - une reine modérée sur les questions religieuses et refusa toujours le viol des consciences.
Elle trouva une Angleterre politiquement affaiblie et la laisse comme un partenaire géopolitique de premier plan qui annonce (même si elle n'en est pas l'instigatrice) l'aube de sa vocation impériale.
L'éclat de l'ère élisabéthaine fait encore écho à notre époque moderne. Les Shakespeare, les Marlowe, les Francis Drake, la captivité et l'exécution de Marie Stuart, l'épopée de l'Invincible Armada créent autour de la 'Grande Elisabeth' une aura de légende que Michel Duchein décrypte avec intelligence et nuance.
Un livre passionnant qui va au delà des visions simplistes.