vendredi 26 janvier 2007

[Film] Ali - Michael Mann - 2001

Le thème : Ali est une biographie du Boxeur Cassius Clay - Mohammed Ali qui couvre 10 ans de sa vie. 1964-1974, dix années qui vont faire rentrer Ali dans la légende de l'histoire du Sport, 10 ans où il va être confronté aux soubresauts de la société américaine.

Critique : Disons le tout de suite, Ali est un excellent film. Surement le meilleur de son auteur (avec Révélations). Il présente avec justesse Cassius Clay / Mohammed Ali dans sa personnalité complexe et fantasque. Will Smith y tient le rôle de sa vie dans une interprétation puissante, mimétique mais retenue.
En 10 ans, de la conquête de son titre de champion du monde en 1964 face à Sonny Liston à sa reconquête en 1974 à Kinshasa, Mohammed Ali va tout connaître. Parce qu'il refuse d'être enrôlé au VietNam en défendant ses convictions personnelles, il va tout perdre : son titre de champion du Monde, son droit de boxer, sa fortune (il est ruiné en 1970), son appartenance à une communauté (il est excommunié par les autorités musulmanes US), sa réputation (en 1970, les spécialistes estimeront qu'il est un "has been" de la Boxe).
Ali aura cette parole aux journalistes qui raisonne encore dans la mémoire du Sport :"Mon pays m'a retiré ce qu'aucun boxeur n'avait réussi à me reprendre... Je n'irai pas combattre mes frères jaunes qui ne m'ont rien fait pour le plus grand profit des blancs. Mon véritable ennemi est à l'intérieur de mon pays et je dois me battre seul contre tous..."
Courageux, obstiné jusqu'à la déraison, il va tout reconquérir en quelques années. Il ira jusqu'àu bout de sa bataille juridique face à la cour suprème et regagnera son droit de boxer. En 1974 à Kinshasa, face à "l'épouvantail" et invincible champion du Monde Georges Foreman, Ali - donné perdant à 10 contre 1 au premier round- reprendra son titre au terme d'un combat d'anthologie. Le film est prenant de bout en bout. Les combats de boxe sont très fidèles aux vrais combats historiques. Michael Mann prouve avec brio qu'aucun sujet ne lui est étranger ou inaccessible. Ceux qui sont intéressés par Ali pourront aussi voir le documentaire sur le combat à Kinshasa dans l'excellent documentaire "When we were kings".
Pour conclure, à l'heure du sport-businness à outrance où quantités de sportifs de haut niveau sans charisme alignent les records dans un contexte sportif insipide, quel champion sportif pourrait se comparer à Mohammed Ali ?
Même si aujourd'hui, il n'est plus que l'ombre de son ombre, Mohammed Ali a bien mérité son surnom de "The Greatest".

[Film] Nausicäa de la vallée du vent - Hayao Miyazaki - 1984

Le thème : Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les sept jours de feu, une poignée d'humains a survécu. Menacée par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l'ampleur, cette poignée de survivants attend le salut de la princesse Nausicaä, capable de communiquer avec tous les êtres vivants.

Critique : Réalisé en 1984, Nausicäa est le premier film de Miyazaki. Son grand succès public lui permettra de créer sa maison de production Ghibli.
Sans être un spécialiste de Miyazaki, on retrouve dans ce premier film tous les grands thèmes chers à l'auteur : Pacifisme. Ecologie. Volonté de résoudre les problèmes par la coopération et la compréhension de l'autre et non par la confrontation. Critique des puissants qui veulent imposer leur vision des choses aux plus "faibles" pour leur bien. La peur de l'inconnu qui provoque une attitude agressive.
La complexité des personnages et de leurs motivations va bien au-delà d'une animation destinée aux enfants. Le film accuse parfois ses 22 ans techniquement mais ce n'est pas un vrai problème. Trop souvent, une animation de toute beauté n'est qu'un cache-sexe à une intrigue squelettique. On est rapidement pris par la poésie et le sens de l'histoire. Ceux qui ont aimé "Princesse Mononoke" devrait s'y retrouver largement.

mardi 23 janvier 2007

[Film] L'homme qui voulut être roi - John Huston - 1975

Réalisé après "L'incroyable évasion" (1973), film mineur de J.Huston, "L'homme qui voulut être roi" est l'une des plus belles réussites de son auteur. Ce film trop souvent ignoré ou minimisé par rapport à d'autres titres (comme "Le faucon maltais", "Le trésor de laSierra Madre", "African Queen" ou "The Misfits") est pourtant magnifique visuellement et d'une richesse thématique non négligeable. En voici l'argument :

Le thème : Au début du XXeme siècle, 2 hommes (Sean Connery & Michael Caine) militaires de l'armée Anglaise des Indes -mais surtout aventuriers sans scrupule ! -décident de traverser des contrées inexplorées et réputées inaccessibles de l'Afghanistan (eh oui deja :) !!) afin de trouver une région mythique appelée le Kafhiristan où l'on aurait plus vu d'hommes blancs depuis Alexandre le Grand. Là bas, ils espèrent bien se faire passer pour des dieux et profiter de cette situation pour voler les "Trésors" de la région. Ils arriveront (non sans effort) au Kafhiristan et parviendront à leur but ultime jusqu'a ce que ....

La critique : Ce serait un crime que de raconter le scénario complet pour ceux qui n'ont jamais vu le film, un scénario d'ailleurs tiré du grand Rudyard Kipling. Ce qui est passionnant dans ce film, c'est qu'il débute comme un film d'Aventures avec la quête vers le Kafhiristan, une quête qui fait penser à celle de Tintin dans "Le temple du Soleil" et qu'il bascule ensuite en réflexion philosophique sur le pouvoir Temporel et Spirituel et la lutte entre tradition et modernité. La fin est tout a fait étonnante et vous serre le coeur en renouant avec le thème très "Hustonien" de l'échec. Les performances d'acteurs de Sean Connery et de Michael Caine sont exceptionnelles et campent deux sympathiques "gredins" qui finalement paieront le prix fort pour leur folle entreprise.
Ce film était un vieux projet de Huston, puisqu'il voulait déja l'adapter dans les annees 50 avec Clark Gable et Humphrey Bogart. Mais le projet ne put hélas jamais aboutir. Difficile de dire si le film aurait été en fin de compte supérieur ou non à celui que nous connaissons."L'homme qui voulut être roi" sonne le grand retour de John Huston après un certain nombre de films dans les années 70 qui, sans être vraiment indignes, étaient largement moins aboutis que celui-ci. (à part peut être Fat City !). Les décors d'Alexandre Trauner sont superbes.
Un dernier petit point. Je remarque que John Huston n'a jamais vraiment eu droit à la couverture "cinéphilique" qu'il mérite. En tout cas, beaucoup moins que certains de ses grands "compagnons" ou amis du cinema Americain comme Welles, Hitchcock, Ford, Capra, Hawks, Chaplin ou Mankiewicz.
La filmographie de Huston est certes inégale mais riches de films variés (dans leurs thèmes et leurs genres) et surtout ambitieux. A n'en pas douter, Huston mérite de figurer parmi les plus grands.
En conclusion, "L'homme qui voulut être roi" est un grand film d'un grand réalisateur. Ne le manquez pas si vous avez l'occasion de le découvrir ou de le revoir.

lundi 22 janvier 2007

[Livre] La vie quotidienne des Aztèques avant la conquête Espagnole - Jacques Soustelle

Thème et Critique : 1519, année fatidique pour l'empire Aztèque, celle de la rencontre avec l'espagnol Cortès. Ce livre est une merveilleuse ouverture sur cette fabuleuse civilisation Aztèque née 300 ans plus tôt et originaire de la malconnue et étrange civilisation Toltèque.
La cité, la cosmologie, les croyances religieuses et les rites des Aztèques y sont présentés, mais aussi l'organisation sociale et politique et les cadres qui rythment l'existence quotidienne. L'auteur y conjugue habilement (sans pesanteur d'érudition) le regard de l'ethnologue et le savoir de l'historien.

[Livre] La peau de chagrin - Honoré de Balzac (1831)

Le thème : 1830. La révolution de Juillet a eu lieu. Charles X est chassé du pouvoir et c'est désormais le temps de la monarchie libérale sous le règne de Louis-Philippe.
Raphaël, jeune homme au désespoir (je ne dévoile pas les raisons) et suicidaire,longe la seine le long du Quai Voltaire. Il s'arrête par curiosité dans une étrange boutique d'antiquaire. Là, un vieil homme lui propose une peau de chagrin capable de réaliser tous ses voeux. Mais la contre-partie est de poids : A chaque voeu exaucé, la peau de chagrin se réduira jusqu'à sa disparition totale signifiant par là-même la mort de son possesseur.
Critique : Tous les grands thèmes d'Honoré de Balzac sont présents dans cette oeuvre de jeunesse (Balzac a 30 ans lors de l'écriture). La peinture de la société bourgeoise de la Restauration, la passion qui dévore des êtres trop faibles pour la contenir, la description du Paris de 1830 et la présence de "second rôle" tel Rastignac qui viendra enrichir le procédé du "retour des personnages" génialement inventé par Balzac dans son cycle de "la Comédie Humaine".
La thématique fantastique est fortement ancrée dans le réel avec l'objet de "la peau de Chagrin" qui donne un caractère concret à la damnation de Raphaël (Oscar Wilde reprendra l'idée dans son "Dorian Gray") .
Les amateurs de Balzac retrouveront son style, très (trop?) richement descriptif, ils s'intéresseront à la peinture sans concession de la société de cette époque et à l'aspect en partie autobiographique du roman (Raphaël étant ici clairement une sorte de double pour l'écrivain).