lundi 1 octobre 2007

[Livre] La stratégie Ender - Orson Scott Card - 1985


Le Thème: Il y a 50 ans, la Terre a subi une agression des Doryphores, civilisation extra-terrestre proche des insectes. Victorieuse grâce à un brillant stratège - et malgré une technologie et une préparation insuffisantes - elle vit depuis quelques décennies dans la crainte d'une nouvelle invasion. C'est dans ce but qu'a été créée la Flotte Internationale (F.I.). La F.I a construit des vaisseaux colossaux et développé des armes nouvelles, mais elle a surtout besoin de chefs talentueux et imprévisibles capables de se sortir de toute situation.
Dans ce but, les militaires observent, analysent les réactions d'un enfant de 6 ans, tacticien et stratège exceptionnel du nom d'Ender. Cet enfant sera formé et éduqué dans un centre militaire pour le bien de l'humanité. Mais que cherchent exactement les militaires, et notamment ce mystérieux Colonel Graff ? Et pourquoi montrer tant d'impatience autour de la formation d'Ender quand nul danger immédiat ne semble apparent ?

La Critique: La Stratégie Ender est le premier volume d'une trilogie. Particulièrement aisé et agréable à lire, le livre décrit le classique thème de l'initiation d'un jeune enfant. Mais c'est l'univers du roman qui attire l'attention. La psychologie des personnages est finement ciselée. L'entrainement et le conditionnement psychologique d'Ender sur plusieurs années sont crédibles. L'ambiguité et le mystère des réels buts de la F.I sont bien décrits et peu à peu dévoilés. L'auteur a une excellente intuition des moyens de communication du futur. Cet ouvrage -écrit en 1985- parle de réseaux de communication, de forums citoyens par ordinateurs et pseudonymes interposés ! Le livre se termine sur une note curieusement pacifique. Ce livre obtint les prix Nebula et Hugo en 1986.

vendredi 13 juillet 2007

[Documentaire] La fabrication du consentement - Mark Achbar et Peter Wintonick - 1993

Le Thème : Noam Chomsky, linguiste, philosophe et militant politique étudie le pouvoir de l'information, sa présentation et sa propagation dans nos sociétés démocratiques. Ses commentaires sont illustrés de documents d'archives, d'interviews, de conférences retraçant son parcours personnel, ses ouvrages en linguistique et de débats avec des personnalités (journalistes, intellectuels, politiques) directement impliqués dans le système de l'information.

La Critique : Dans ce documentaire assez long de 2h50, Noam Chomsky s’attache à mettre en évidence les processus par lesquels les médias tendent à enfermer les sociétés démocratiques dans un carcan idéologique. Sa critique porte sur le fonctionnement global de l'institution médiatique dans ses rapports avec les pouvoirs économique et politique.
Chomsky démontre comment les médias noient les citoyens sous un flot d’informations beaucoup trop dense pour servir de support de réflexion et qui converge vers des analyses à sens unique donnés par des experts (ou pseudo-experts) auto-proclamés. Et selon lui, ces analyses sont fondées sur des présupposés que l’on évite soigneusement de remettre en question.

A travers l’analyse du traitement médiatique de certains conflits armés des années 70, Noam Chomsky dévoile la dépendance des médias envers les pouvoirs économique et politique. Il mentionne à titre d'exemple, la couverture médiatique accordée au génocide sous Pol Pot au Cambodge et à l'invasion indonésienne du Timor-Oriental de 1975 à 1979, et il analyse l'influence déterminante des médias lors de la guerre du Golfe. Il s'attaque au dogme de la prétendue neutralité des médias, et souhaite œuvrer pour une émancipation intellectuelle de la société : une sorte de "cours d'autodéfense intellectuelle".
Noam Chomsky fut accusé par ses adversaires d'être guidé par une théorie du complot. De plus son soutien - pour le droit absolu à la liberté d'expression - d'un négationniste Français lui fut durement reproché même par ses défenseurs.
Ce documentaire, instructif mais aussi très long, aurait mérité quelques coupes de séquences redondantes ou trop éloignées du sujet central.

Mais laissons à Noam Chomsky le mot de la fin par cette profession de foi:

"Je n'essaie pas de convaincre, mais d'informer. Je ne veux pas amener les gens à me croire, pas plus que je ne voudrais qu'ils suivent la ligne du parti, ce que je dénonce - autorités universitaires, médias, propagandistes avoués de l'État, ou autres. Par la parole comme par l'écrit, j'essaie de montrer ce que je crois être vrai, que si l'on veut y mettre un peu du sien et se servir de son intelligence, l'on peut en apprendre beaucoup sur ce que nous cache le monde politique et social. J'ai le sentiment d'avoir accompli quelque chose si les gens ont envie de relever ce défi et d'apprendre par eux-mêmes".

vendredi 29 juin 2007

[Film] L'Avocat de la Terreur - Barbet Schroeder - 2007

Le Thème : Jacques Vergès est bien connu du grand public et fait souvent la Une des médias. D'affaires sulfureuses en attentats terroristes, Barbet Schroeder suit les chemins tortueux empruntés par " L'avocat de la terreur ", entre chose politique et chose judiciaire.

La Critique : Ce documentaire explore la vie de Jacques Vergès à travers 3 évènements majeurs de sa vie d'avocat : La défense des "terroristes" algériens du FLN à la fin des années 50, la défense des poseurs de bombes islamistes au milieu des années 80 et la défense de Klaus Barbie. Barbet Schroeder explore et questionne l'histoire du " terrorisme aveugle " et met à jour des connexions politiques qui font réfléchir. Des témoignages d'anciens activistes du FLN ou du Djihad permettent au spectateur d'avoir une autre perspective des évènements.
Jacques Vergès pose des questions sur la notion de terroristes et de résistants au sein de la lutte armée :
- Les militants algériens qui ont posé des bombes dans l'Algérie Française des années 50 et qui furent arrêtés, torturés et parfois tués sont aujourd'hui considérés par leur compatriotes Algériens comme des "Jean Moulin"
- Alors qu'elle a justement condamné Klaus Barbie pour tortures et assassinats sur des résistants, pourquoi la Justice Française au nom des mêmes principes des droits de l'homme ne cherche t-elle pas à condamner certains officiers Français qui -lors de la guerre d'Algérie qui - furent coupables des MEMES exactions ?
- Pourquoi Anice Nacacche et Georges Abbache (condamnés à perpétuité) furent ils libérés après quelques années de prison pour permettre le réchauffement diplomatique entre la France et l'Iran, réchauffement qui permit de réaliser un juteux contrat "nucléaire". Où est la morale de Justice qui semble habiter les démocraties modernes ?
Toutes ses questions amènent évidemment à débat et Jacques Vergès s'est fait le spécialiste de la théorie de "la défense de rupture". Par ce principe, il amène le débat judiciaire à changer de perspective, à remettre en cause certaines visions trop simplistes ou conformistes.
Toutefois le documentaire n'est pas une agiographie. Jacques Vergès reste fuyant sur beaucoup d'aspects moins glorieux, son amitié très démonstrative avec le Khmer rouge Pol Pot, ses relations très proches avec le terroriste Carlos.

En conclusion, un documentaire un peu trop long mais très stimulant pour l'esprit et qui oblige le spectateur à aborder les questions de terrorisme international sous un autre angle.

jeudi 28 juin 2007

[Livre] Tout ce que vous avez voulu savoir sur Sherlock Holmes sans l'avoir jamais rencontré - Pierre Nordon - 1994

Le Thème : Parce qu'il voulait dénoncer les agissements de la secte des Mormons dans le sud des USA, Arthur Conan Doyle entreprit en 1886 la rédaction du roman "Une étude en rouge". Se faisant, il introduisait un personnage dont le destin allait dépasser de très loin le cadre de l'oeuvre : Sherlock Holmes.

La Critique : Evidemment, tout le monde connait ce personnage mythique. Son nom, sa silhouette et tout l'imaginaire "Victorien" furent déclinés de façon plus ou moins heureuse dans tout le spectre de la création artistique du XXème siècle. Mais peu connaissent en détail le véritable personnage littéraire.

"Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Sherlock Holmes sans l'avoir jamais rencontré" dresse le premier portrait en pied du héros de papier.
Ses tics, ses mots, ses gestes, ses attitudes, ses manies, son appartement, les indices qu'il collectionne, les mystères qu'il élucide, le schéma de ses raisonnements, les personnes qu'il côtoie, sans oublier, bien sûr, le bon Watson, son fidèle second : tout est passé au peigne, radiographié dans le détail, raconté avec humour et brio.
Car le personnage de Sherlock Holmes n'est pas que robot génial, c'est aussi un homme de chair et de sang. Par son talent, Conan Doyle lui offrit la plus belle des consécrations : en 1959, 62 % des Britanniques pensaient que Sherlock Holmes avait existé. La légende devenait réalité.

jeudi 31 mai 2007

[Livre] L'affaire du courrier de Lyon - Olivier Gabriel - 1971

Le Thème : 1796 : La France est sous le régime du Directoire, un régime qui tente d'apaiser les esprits marqués par la Terreur et de maintenir les acquis de la Révolution. Ce régime corrompu connaît de sombres heures, la situation économique est très difficile, le chomage massif entrâine une criminalité galopante. C'est dans ce contexte que va sé dérouler une des affaires judiciaires les plus étonnantes de l'histoire de France.

Pendant la nuit du 27 au 28 avril 1796, la malle-poste qui va de Paris à Lyon est attaquée entre Melun et Paris (près de Lieusaint), par cinq individus. Les deux postillons sont assassinés, et la malle-poste pillée : on vole quatre-vingt mille livres en monnaie et sept millions sous forme d'assignats, destinés aux armées d'Italie. Le vol est considérable mais aussi symbolique car l'état a besoin des victoires des armées d'Italie, armées menées par un certain Bonaparte.
Il convient de faire un exemple et de chatier durement les coupables

La Critique : Un résumé frappant : 6 meurtriers, 7 guillotinés !

L'Affaire du Courrier de Lyon a entraîné une des plus mémorables erreurs judiciaire sde la justice française. Les étapes successives de l'erreur y sont si minutieusement placées dans le cours de cette triste histoire que l'on en arrive à penser que le malheureux Lesurques était marqué d'un noir destin. Un incroyable concours de circonstances mêlant sosie et témoignages humains fragiles fait basculer la vie de Joseph Lesurques. Un Lesurques, devenant malgré lui le symbole de l'innocente victime d'une machine judidiciaire trop sûr de son fait et qui n'acceptera jamais (même 70 ans après les faits) de reconnaître une tragique erreur d'identité (avec le criminel Dubosc) pourtant évidente.
Lors de la dernière demande de révision du procès en 1865, le procureur devait avoir ses terribles mots :"La justice Française ne peut se tromper car sinon plus personne ne la croirait".

lundi 16 avril 2007

[Livre] Louis XI - Jean Favier - 2001


Le thème : Jean Favier, grand spécialiste de la guerre de 100 ans et du bas moyen-âge, nous livre une excellente biographie d'un roi méconnu mais majeur de l'histoire de France : Louis XI (1423 Bourges - 1483 La Riche)

La critique : Louis XI fait figure - avant l'heure - de modèle "Machiavelien", préparant sans cesse la guerre pour ne pas la faire mais usant des ressorts bien connus de la nature humaine: peur, ruse, flatterie et corruption.
Son bilan politique est impressionnant. A sa mort, il laisse les frontières du Royaume de France presque dans l'état que nous lui connaissons aujourd'hui. Lui, que les grands féodaux et même son frère Charles auraient bien voulu réduire à nouveau à n'être que le roi de Bourges, sut vaincre les plus graves périls, traiter avec ses ennemis à son avantage et tromper tout son monde.
Il fut le roi qui clôtura la guerre de 100 ans en faisant abandonner les prétentions du Roi d'Angleterre sur la couronne de France. Il amena son cousin Charles de Bourgogne (dit Le Téméraire) à sa perte aux mains de montagnards suisses stipendiés, jouer la Catalogne contre l'Aragon et inversement pour obtenir la Cerdagne et le Roussillon. Il démembra le très puissant duché de Bourgogne sous prétexte de garantir les droits de la fille du Téméraire.
L'homme est tout aussi passionnant, faussement modeste et très pieux. Du jeune Dauphin haïssant son père (Charles VII) et manipulé par les grands princes, il devient peu à peu le roi machiavélique dans toute sa splendeur. Bien caché derrière les cages de fer du petit château de Plessis-les-Tours, Il s'entoure de conseillers parfois inconnus. Il saura planifier constamment la division des grands et recourant plus souvent à la ruse et à «la diplomatie aux cent mille écus» qu'à la guerre. Commynes, qui quitta Le Téméraire pour le servir, en disait: "à la fin du compte, qui en aura le profit en aura l'honneur" résumant parfaitement de ce qu'on appellera plus tard la raison d'État.
Louis XI, roi mal-aimé et mal connu, fut souvent décrié et caricaturé comme un roi cruel et sournois. Il n'a pourtant pas inventé la duplicité et les méthodes "dures" envers ses opposants politiques étaient surtout celles de son temps. Il reste le premier des "souverains absolus" et n'eut jamais qu'un but dans sa vie : faire son métier de roi.

vendredi 23 mars 2007

[Livre] La naissance de la science : La Grèce présocratique - André Pichot - 1991

Le thème : Les connaissances scientifiques Mésopotamiennes et Egyptiennes qui furent acquises sans véritable méthode sont reprises dans un esprit tout différent par la Grèce antique. Cette Grèce classique à partir du VIIème siècle avant J-C va se préoccuper moins d'accumuler les résultats «positifs» que de trouver des principes généraux et une explication rationnelle.

Les Grecs anciens ouvrent une voie de l'esprit scientifique qui sera d'abord philosophique, une philosophie par laquelle la rationalité est élevée au rang de critère de vérité.
Cet ouvrage décrit les hommes, les écoles de pensée qui ont guidé cette quête de rationnalité.

La critique : Un ouvrage parfois aride mais passionant de bout en bout. André Pichot nous explique comment les sciences Grecques héritent des savoirs Babyloniens et Egyptiens afin d'ouvrir la voie de la rationnalité. L'auteur nous fait entrer dans le monde scientifique des Grecs anciens, un monde des sciences qui entretient un lien étroit avec la spéculation philosophique.
Ce livre décrit la fondation des Mathématiques en inventant son essence : la démonstration.
On suit avec passion les études - s'écoulant sur près de 4 siècles - des savants "fondateurs" que sont Thalès, Pythagore ou Euclide.
On y apprendra entre autres que certaines écoles - devenues de véritables sectes comme l'école Pythagoricienne - proposent à l'époque une vision mathématique d'un Cosmos ordonné par les nombres, où ce dernier serait une sorte d'idée du dieu. Par le biais de cette "vision", les théories atomistes de Démocrite trouveront un terrain de prédilection.
Derrière des apparences complexes, ce livre décrit -avec beaucoup de talent- une des plus formidable aventure du génie Humain, celle d'atteindre "un absolu de raison".


mardi 20 mars 2007

[Livre] Qui a tué Roger Ackroyd ? - Pierre Bayard - 1998

Le thème : Un essai-enquête de Pierre Bayard sur le célèbre roman "Le meurtre de Roger Ackroyd". Pierre Bayard décide de reposer la question "Qui a tué Roger Ackroyd ?" en reprenant point par point l’enquête du célébrissime détective Hercule Poirot. Les passionnés d’Agatha Christie pourraient bien avoir à réviser leurs conclusions.

La critique : Même s’ils n’ont pas lu le chef-d’œuvre d’Agatha Christie, "Le meurtre de Roger Ackroyd", de nombreux lecteurs, surtout parmi les amateurs de romans policiers, connaissent le procédé littéraire qui l’a rendu célèbre.
Mais la clé de l'énigme est elle si évidente ? Comment se fier à un texte où les contradictions abondent et qui s’organise autour d’un récit unique ? Et qui peut dire qu’Hercule Poirot, dans son euphorie interprétative, ne s’est pas lourdement trompé, laissant le coupable impuni ?
Roman policier sur un roman policier, cet essai, tout en reprenant minutieusement l’enquête et en démasquant le véritable assassin, s’inspire de l’œuvre d’Agatha Christie pour réfléchir, et nous livrer "la vérité" sur l'un des ses plus célèbres romans.
Même si la fin de l'ouvrage sur l'interprétation de tout texte littéraire semble plus poussive, voici un livre passionnant et fort réjouissant !

vendredi 9 mars 2007

[Livre] La terre du Bouddha - Philippe Cornu - 2004

Le thème : Le Bouddhisme n'est pas qu'une philosophie mais une leçon sur l'enseignement de la réalité de la souffrance de tous les hommes, de son origine et de sa cessation pour finalement atteindre le Nirvana. Le Bouddhisme donnera naissance par la suite à une riche tradition philosophique et aussi religieuse. Le Bouddhisme est aussi une « science de l'esprit » inspirée par les enseignements du Bouddha , un homme dont l’existence historique est attestée même si les détails de sa vie restent sujets à caution.
Une religion vit par les hommes et pour les hommes. "La Terre du Bouddha" retrace l'histoire et le développement du bouddhisme et de ses idées, ses rapports avec les coutumes et anciennes croyances locales.

Critique : Enrichi de nombreuses explications à la fois historiques et explicatifs quant aux rituels, à l’architecture, aux comportements religieux et sociaux, ce livre permet de découvrir le Bouddhisme dans toute sa diversité.
Philippe Cornu (grand spécialiste du sujet) ne décrit pas uniquement des monuments, des temples, des expressions de l'art bouddhique et des moines mais évoque aussi la vie quotidienne dans les pays bouddhistes. Ce livre se veut un voyage à travers les différentes aires culturelles du bouddhisme : Inde d’abord, puis Asie du Sud-Est ensuite (en passant par l’Indonésie), la route de la soie, les mondes chinois, coréen et japonais et enfin l’ère culturelle himalayenne et tibétaine.
La réponse du Bouddha aux souffrances de l'Humanité est très originale et sort radicalement d'un discours moraliste ou dogmatique, trop souvent l'apanage des grandes religions du Livre.

[Livre] Le Dahlia noir - James Ellroy - 1987


Le thème : Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short -surnommée " le Dahlia noir "- par un reporter à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l'une des énigmes -non résolue- les plus célèbres des annales du crime en Amérique.

La critique : Voici le décor planté ! James Ellroy nous fait pénétrer dans le "petit" monde interlope du Los Angeles de la fin des années 40. Du procureur louche attiré par la publicité d'un meurtre spectaculaire au detective ex-boxeur revenu de tout, tous les personnages dessinés par Ellroy ont la force de la réalité.

Ce meurtre a littérallement fasciné l'auteur depuis qu'il est enfant. Il a onze ans lorsque son père lui offre The Badge, une anthologie criminelle racontant sur dix pages l'épouvantable meurtre d'Elizabeth Short. L'auteur est aussitôt subjugué. Sa propre mère, Jean Hilliker, avait été mystérieusement retrouvée étranglée quelques mois auparavant, sans que l'on sache jamais le fin mot de l'affaire. Ce drame, associé à celui du Dahlia noir, s'est cristallisé dans son esprit. Il a suivi l'histoire du Dahlia pendant des années projetant son propre passé sur celui de cette icône hollywoodienne.

Si vous n'avez jamais lu James Ellroy, il convient de commencer par ce roman qui est le début d'une tétralogie appelé "Le Quatuor de Los Angeles" composés des épisodes suivants : Le grand nulle part, L.A Confidential et White Jazz. L'intrigue, aux multiples personnages secondaires dérivant de L.A à Tijuana, est complexe mais décrit parfaitement un Hollywood d'après-guerre tout aussi réel que fantasmé. C'est bien là, le grand talent d'Ellroy: rendre palpable ce qui n'a sans doute jamais existé.

[Livre] Le cycle du fleuve de l'éternité - Philip José Farmer - 1971/1983

Le thème : L'ensemble des êtres humains ayant vécu, de tous temps, sur la Terre se réveille, comme dans une résurrection, le long d'un immense fleuve sur une planète inconnue. Telles sont les premières observations: il n'y a pas d'ordre et les époques et les ethnies sont mélangées; des infrastructures modernes dispensent de la nourriture; tous ont retrouvé le corps de leurs vingt-cinq ans; quelques êtres manifestement non terriens sont présents. Qui sont ces Ethiques qui ont orchestré cette résurrection générale et pourquoi ?


La Critique : Voilà en quelques mots la trame générale du cycle du Fleuve de l'éternité. A côté d'une quête menée par quelques individus (célèbres ou non) pour connaître les raisons profondes de cette résurrection généralisée, on suit avec intérêt une description d'un monde qui se reconstruit à partir de rien. Les hommes feront-ils les mêmes erreurs que sur leur Terre natale ? L'Utopie est elle possible ? Parviendront ils à percer le secret du Fleuve de l'éternité et le dessein des Ethiques ?
Philip José Farmer s'amuse à confronter des personnages célèbres (Richard Burton -l'explorateur pas l'acteur-, Mark Twain, le Prince Jean, Cyrano de Bergerac, Ulysse ...) dans un monde où finalement les passions Humaines restent les mêmes.
Ce cycle composé de 5 romans et de quelques nouvelles est thématiquement riche et maintient l'intérêt tout au long de la saga.


Indication d'ordre de lecture :

Le Monde du fleuve (To Your Scattered Bodies Go - 1971)
Le Bateau fabuleux (The Fabulous Riverboat - 1971)
Le Noir dessein (The Dark Design - 1977)
Le Labyrinthe magique (The Magic Labyrinth - 1980)
Les Dieux du fleuve (Gods of Riverworld - 1983)

mardi 20 février 2007

[Livre] La ferme des animaux - Georges Orwell - 1945


Le thème : Lassés d'être exploités par leur propriétaire M. Jones, les animaux d'une ferme se révoltent et organisent leur travail eux-mêmes au sein de la "République des Animaux". Mais la conduite de cette révolution fait l'objet de débats entre les deux plus éminents des cochons, leaders naturels, Boule-de-Neige et Napoléon. Peu à peu, Napoléon s'impose et la révolution est confisquée...

La critique : Ce roman très court est une petite merveille et certainement l'une des meilleures allégories politique de l'histoire de la littérature. Ouvrage par excellence à plusieurs niveaux de lecture, il offre des perspectives de réflexion trés étendues. Georges Orwell - auteur du mythique 1984 - fait par ce livre une métaphore assez explicite et particulièrement critique sur l'histoire des fossoyeurs du mouvement ouvrier. Le vocabulaire, les thèmes utilisés rendent l'allusion à l'URSS évidente.
Ce livre, publié en 1945, fut prophétique eu égard au comportement à la fin du XXe siècle de la nomenklatura Russe. Mais il n'est pas nécessaire de connaître parfaitement la Russie soviétique des années 30 pour prendre plaisir à la lecture de ce livre.
"Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres." Ce dernier aphorisme de l'ouvrage, très sombre et pessimiste, interroge toutes les démocraties contemporaines. Qu'avons nous fait de nos idéaux révolutionnaires ?
Il est à noter que le livre eût beaucoup de difficulté à être publié (et fut censuré) en Grande-Bretagne. Le gouvernement de Sir Winston Churchill ne souhaitait pas froisser son allié de l'époque.
Un livre à lire absolument.

mercredi 14 février 2007

[Livre] Le Prince - Nicolas Machiavel - 1513


Le thème : Comment s'emparer du pouvoir, et surtout comment le conserver ? Nicolas Machiavel décrit une série de conseils stratégiques, basés sur une fine étude historique, dédiée à Laurent de Médicis

Critique : Non ! le pouvoir n'est pas issu de droit divin ! Les hommes l'obtiennent et le conservent par leur volonté et leur talent propres. Moi, Machiavel, je vais vous exposer les façons de le conquérir et de le conserver.

Pour avoir proclamé ce fait - à ces risques et périls ! - au début du XVIème dans "le Prince", Machiavel est incontestablement l'un des plus illustre auteur de la Renaissance. Cet ouvrage, novateur car niant clairement les pouvoirs prétendument issus de droit divin, marque fortement la philosophie politique. Il est moins basé sur la théorie que sur la pratique, moins sur les bons sentiments que sur les nécessités de la raison d'Etat. Cette pensée réaliste mais teintée de cynisme a fortement inspiré les dirigeants des siècles futurs. Machiavel ne s'interroge pas, à la façon des philosophes, sur ce que devraient être les États, mais sur ce qu'ils sont, et sur les lois, tirées de l'histoire, qui président à leur constitution, à leur vie et à leur déclin. Ce qui passionne Machiavel, c'est de découvrir la façon la plus efficace d'exercer le pouvoir, qui n'est pas toujours la manière forte.

Cet ouvrage majeur, toujours très actuel, est une date clé dans l'histoire de la culture occidentale. Il convient de l'avoir lu au moins une fois dans sa vie. Ecrit en 1513, il ne fut publié uniquement qu'en 1532, soit 5 ans après la mort de son auteur.

jeudi 8 février 2007

[Livre] Les chroniques d'Alvin le Faiseur : Le 7ème fils - Orson Scott Card - 1987

Le thème : 1801, l'Amérique du Nord est baignée dans un monde puritain où la magie existe. La révolution Américaine a partiellement échoué. Seuls 7 états ont réussi leur sécession mais la couronne Anglaise est encore bien présente dans les états du Sud. Après la mort de Georges Washington, Thomas Jefferson continue la lutte dans les Appalaches.
Au bord de la rivière Hatrack, près des forêts profondes où règne encore l'Homme Rouge, un enfant va naître en des circonstances tragiques. Un enfant au destin exceptionnel. Septième fils d'un septième fils, il détiendra, dit-on, les immenses pouvoir d'un "Faiseur". Si les forces du mal ne parviennent à le détruire. Car il existe un autre pouvoir, obscur, prêt à tout pour l'empêcher de vivre et de grandir afin d'épanouir son immense potentiel.

Critique : Une uchronie plaisante, légèrement esquissée - mais qui laisse de grandes zones d'ombre sur la raison de l'échec des révolutionnaires Américains - sert de cadre à ce premier volet du cycle d'Alvin le Faiseur. Un enfant, dans ce monde où l'univers magique cotoie le puritanisme le plus stricte, va tenter de comprendre et d'apprivoiser le pouvoir que "la providence" lui a donné. Beau roman qui parle aussi de la construction de l'Amérique, une époque où ses colons (fermiers, artisans...) sont encore les proies des aventuriers de toute sorte et des peaux rouges. Les pouvoirs d'Alvin sont subtilement et rationnellement présentés, ce qui donne une cohérence et une substance assez inhabituelles dans ce type de roman.
Fantasy, uchronie, description d'un monde neuf en formation et quête initiatique, voilà les ingrédients savoureux d'un fort bon premier opus.

lundi 29 janvier 2007

[BD - Cycle] Les formidables aventures de Lapinot - Lewis Trondheim - 1995/2004

Le thème : "Les formidables aventures de Lapinot" est un cycle d'album de BD mettant en scène un lapin dans un univers contemporain réalisés entre 1995 et 2004.
Ce cycle nous invite à entrer dans un monde original où les réflexions pseudo-philosophiques sur des thèmes comme l'amour, la religion, les problèmes quotidiens et les rapports humains (sic !)sont traités avec finesse et humour.

Critique : L'univers de Lewis Trondheim a toutes les apparences de la région Parisienne, avec, parfois des détours par des époques ou des ambiances révolues (western, polar, France du début du XXème siècle). Les personnages, même s'ils ne sont pas à proprement parler humains, en ont l'esprit. Vils, généreux, honnêtes, impitoyables ou donneurs de leçons... Les scénarii sont pratiquement tous bien traités et équilibrés, allant d'aventures mêlant de terribles malédictions (Pichenettes), un western plus vrai que nature (Blacktown), une enquête policière à l'ambiance Lovecraftienne (Walter) à des investigations journalistiques mettant en lumières les actions rebelles d'un groupe " d'écolos " voulant éviter la pollution de la lune (La couleur de l'enfer).
Tout au long des 9 albums, la série maintient une qualité quasi-constante, avec un plaisir de la lecture toujours présent. Les dialogues sont clairement une des raisons du succèes de la série "Lapinot": ils sont complets et denses, souvent drôles, parfois réfléchis, mais toujours diablement efficaces !
Le dessin est le seul point déroutant du cycle des "Lapinot". Il est simplifié grandement et très original. Il faut quelques minutes pour s'y habituer puis, soit l'adorer, soit l'exécrer ; c'est un obstacle qui peut rebuter quelques potentiels lecteurs, mais n'hésitez pas une seule seconde si vous ne connaissez pas encore. Les formidables aventures de Lapinot sont forcément faites pour vous !

Voici un léger résumé des albums du cycle avec parfois quelques commentaires personnels.

Tome 0. Slaloms
Lapinot et ses amis en vacances aux sports d'hiver. D'autre part, cette histoire fourmille de petits détails sur le sport d'hiver et de tout ce qui l'accompagne, ce qui ajoute à la fois anecdotes et crédibilité. Cette épisode est la reprise "colorisée" d'un album écrit plusieurs années auparavant en noir et blanc chez un autre éditeur. D'où l'explication du N°0 de l'album.

Tome 1. Blacktown.
Ce premier épisode des formidables aventures de Lapinot nous invite à une balade dans l'univers du western. Tous les ingrédients qui en font le succès sont présents : les desperados intraitables, l'étranger de passage dans la ville (en l'occurrence Lapinot), le méchant abruti récurrent, les parties de pokers, le maire sérieux et bien habillé, le marshal trop zélé, la présence féminine qui fait chavirer les coeurs, les combats épiques et les revolvers vites dégainés...

Tome 2. Pichenettes.
Pichenettes, nous relate une histoire de malédiction. Un clochard, sauvé in extremis de la mort par Lapinot, lui remet une pierre soi-disant dotée d'un pouvoir immense et maléfique. évidemment Lapinot n'y croit pas, mais très vite Richard va devenir parano et, tout plein de choses vont lui arriver. Très bon album, très représentatif du cycle.

Tome 3. Walter.
Ce troisième tome des formidables aventures de Lapinot est traité de façon différente : on n'y trouve plus les personnages habituels tels qu'on les connaît, mais des individus leur ressemblant de manière troublante. Ceux-ci évoluent dans une aventure policière "Lovecraftien" avec quantité de monstres et d'énigmes alambiquées. Un album à éviter pour débuter toutefois.

Tome 4. Amour et Intérim.
Cette aventure de Lapinot nous immerge dans une histoire étrange, où Lapinot intègre une société qui ne l'est pas moins. Le scénario n'est pas sans rappeler celui de Walter mais pour le soupçon de théologie et d'honnêteté qui couvre le tout.Certainement le meilleur de la série.

Tome 5. Vacances de Printemps.
Le scénario -qui se situe dans l'Angleterre du XIXème siècle - confronte notre cher Lapinot à une maladie qui lui est jusque là inconnue : l'amour. On assiste donc à la découverte de Lapinot de l'amour sous son oeil pragmatique de jeune scientifique, aidé par l'expérience d'Alex, son fidèle majordome.En ce qui concerne l'humour, bien sûr ça n'atteint pas le délire continu de Pichenettes , mais on se fera surprendre par certaines situations absurdes ou encore le manque de tact de Lapinot.
Attention toutefois ! Voici le seul album de la série dont le scénario ne soit pas de Trondheim. A éviter donc au début.

Tome 6. Pour de vrai.
Le sixième épisode des aventures de Lapinot nous fait sortir de nos habitudes : Lapinot et Nadia vont à la campagne, donc plus question de grande ville ! Ce dépaysement n'est pas innocent, en effet, Nadia est à la recherche de gens "typiques" et un peu timbrés afin d'en faire les sujets de reportages pour la télévision. Quelques délires en perspectives !

Tome 7. La couleur de l'enfer.
Richard emménage chez Lapinot qui assiste Nadia dans ses reportages. Un reportage qui l'emmenera dans une ténébreuse histoire au sien d'un groupe activiste "écologique". La couverture est particulièrement réussie et donne envie de dévorer l'album. Un épisode classique et très représentatif de la série.

Tome 8. La vie comme elle vient.
Ce soir Lapinot et Nadia font une soirée avec tous leurs amis. Chaque être est différent est ce tome nous le montre bien : Richard éternel adolescent, Lapinot le donneur de leçons, Vincent maniaque de la propreté et bien d’autres se retrouvent une dernière fois pour notre plus grand bonheur. Marion fait de la cartomancie et d’après elle quelqu’un va mourir ce soir… mais ceci n’est pas la seule surprise de la soirée… Excellent album au final émouvant.

Tome 9. L'accélérateur atomique
Cet album est très atypique. c'est un hommage aux albums "Spirou & Fantasio" de Franquin. L'esprit générale de la série s'en ressent fortement. Un exercice de style. A éviter pour débuter.

Tome hors-série : Lapinot et les carottes de Patagonie.
Il s'agit d'une bande dessinée de 500 pages en noir et blanc, possédant toutes 12 vignettes (4 lignes de 3 vignettes). Lewis Trondheim l'a écrit en l'improvisant au fur et à mesure, concevant cette œuvre comme une sorte de défi littéraire. Il dit ne l'avoir jamais relue après avoir terminé l'album. L'action se termine délibérément en queue de poisson. Résumer l'intrigue est donc une gageure...

vendredi 26 janvier 2007

[Film] Ali - Michael Mann - 2001

Le thème : Ali est une biographie du Boxeur Cassius Clay - Mohammed Ali qui couvre 10 ans de sa vie. 1964-1974, dix années qui vont faire rentrer Ali dans la légende de l'histoire du Sport, 10 ans où il va être confronté aux soubresauts de la société américaine.

Critique : Disons le tout de suite, Ali est un excellent film. Surement le meilleur de son auteur (avec Révélations). Il présente avec justesse Cassius Clay / Mohammed Ali dans sa personnalité complexe et fantasque. Will Smith y tient le rôle de sa vie dans une interprétation puissante, mimétique mais retenue.
En 10 ans, de la conquête de son titre de champion du monde en 1964 face à Sonny Liston à sa reconquête en 1974 à Kinshasa, Mohammed Ali va tout connaître. Parce qu'il refuse d'être enrôlé au VietNam en défendant ses convictions personnelles, il va tout perdre : son titre de champion du Monde, son droit de boxer, sa fortune (il est ruiné en 1970), son appartenance à une communauté (il est excommunié par les autorités musulmanes US), sa réputation (en 1970, les spécialistes estimeront qu'il est un "has been" de la Boxe).
Ali aura cette parole aux journalistes qui raisonne encore dans la mémoire du Sport :"Mon pays m'a retiré ce qu'aucun boxeur n'avait réussi à me reprendre... Je n'irai pas combattre mes frères jaunes qui ne m'ont rien fait pour le plus grand profit des blancs. Mon véritable ennemi est à l'intérieur de mon pays et je dois me battre seul contre tous..."
Courageux, obstiné jusqu'à la déraison, il va tout reconquérir en quelques années. Il ira jusqu'àu bout de sa bataille juridique face à la cour suprème et regagnera son droit de boxer. En 1974 à Kinshasa, face à "l'épouvantail" et invincible champion du Monde Georges Foreman, Ali - donné perdant à 10 contre 1 au premier round- reprendra son titre au terme d'un combat d'anthologie. Le film est prenant de bout en bout. Les combats de boxe sont très fidèles aux vrais combats historiques. Michael Mann prouve avec brio qu'aucun sujet ne lui est étranger ou inaccessible. Ceux qui sont intéressés par Ali pourront aussi voir le documentaire sur le combat à Kinshasa dans l'excellent documentaire "When we were kings".
Pour conclure, à l'heure du sport-businness à outrance où quantités de sportifs de haut niveau sans charisme alignent les records dans un contexte sportif insipide, quel champion sportif pourrait se comparer à Mohammed Ali ?
Même si aujourd'hui, il n'est plus que l'ombre de son ombre, Mohammed Ali a bien mérité son surnom de "The Greatest".

[Film] Nausicäa de la vallée du vent - Hayao Miyazaki - 1984

Le thème : Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les sept jours de feu, une poignée d'humains a survécu. Menacée par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l'ampleur, cette poignée de survivants attend le salut de la princesse Nausicaä, capable de communiquer avec tous les êtres vivants.

Critique : Réalisé en 1984, Nausicäa est le premier film de Miyazaki. Son grand succès public lui permettra de créer sa maison de production Ghibli.
Sans être un spécialiste de Miyazaki, on retrouve dans ce premier film tous les grands thèmes chers à l'auteur : Pacifisme. Ecologie. Volonté de résoudre les problèmes par la coopération et la compréhension de l'autre et non par la confrontation. Critique des puissants qui veulent imposer leur vision des choses aux plus "faibles" pour leur bien. La peur de l'inconnu qui provoque une attitude agressive.
La complexité des personnages et de leurs motivations va bien au-delà d'une animation destinée aux enfants. Le film accuse parfois ses 22 ans techniquement mais ce n'est pas un vrai problème. Trop souvent, une animation de toute beauté n'est qu'un cache-sexe à une intrigue squelettique. On est rapidement pris par la poésie et le sens de l'histoire. Ceux qui ont aimé "Princesse Mononoke" devrait s'y retrouver largement.

mardi 23 janvier 2007

[Film] L'homme qui voulut être roi - John Huston - 1975

Réalisé après "L'incroyable évasion" (1973), film mineur de J.Huston, "L'homme qui voulut être roi" est l'une des plus belles réussites de son auteur. Ce film trop souvent ignoré ou minimisé par rapport à d'autres titres (comme "Le faucon maltais", "Le trésor de laSierra Madre", "African Queen" ou "The Misfits") est pourtant magnifique visuellement et d'une richesse thématique non négligeable. En voici l'argument :

Le thème : Au début du XXeme siècle, 2 hommes (Sean Connery & Michael Caine) militaires de l'armée Anglaise des Indes -mais surtout aventuriers sans scrupule ! -décident de traverser des contrées inexplorées et réputées inaccessibles de l'Afghanistan (eh oui deja :) !!) afin de trouver une région mythique appelée le Kafhiristan où l'on aurait plus vu d'hommes blancs depuis Alexandre le Grand. Là bas, ils espèrent bien se faire passer pour des dieux et profiter de cette situation pour voler les "Trésors" de la région. Ils arriveront (non sans effort) au Kafhiristan et parviendront à leur but ultime jusqu'a ce que ....

La critique : Ce serait un crime que de raconter le scénario complet pour ceux qui n'ont jamais vu le film, un scénario d'ailleurs tiré du grand Rudyard Kipling. Ce qui est passionnant dans ce film, c'est qu'il débute comme un film d'Aventures avec la quête vers le Kafhiristan, une quête qui fait penser à celle de Tintin dans "Le temple du Soleil" et qu'il bascule ensuite en réflexion philosophique sur le pouvoir Temporel et Spirituel et la lutte entre tradition et modernité. La fin est tout a fait étonnante et vous serre le coeur en renouant avec le thème très "Hustonien" de l'échec. Les performances d'acteurs de Sean Connery et de Michael Caine sont exceptionnelles et campent deux sympathiques "gredins" qui finalement paieront le prix fort pour leur folle entreprise.
Ce film était un vieux projet de Huston, puisqu'il voulait déja l'adapter dans les annees 50 avec Clark Gable et Humphrey Bogart. Mais le projet ne put hélas jamais aboutir. Difficile de dire si le film aurait été en fin de compte supérieur ou non à celui que nous connaissons."L'homme qui voulut être roi" sonne le grand retour de John Huston après un certain nombre de films dans les années 70 qui, sans être vraiment indignes, étaient largement moins aboutis que celui-ci. (à part peut être Fat City !). Les décors d'Alexandre Trauner sont superbes.
Un dernier petit point. Je remarque que John Huston n'a jamais vraiment eu droit à la couverture "cinéphilique" qu'il mérite. En tout cas, beaucoup moins que certains de ses grands "compagnons" ou amis du cinema Americain comme Welles, Hitchcock, Ford, Capra, Hawks, Chaplin ou Mankiewicz.
La filmographie de Huston est certes inégale mais riches de films variés (dans leurs thèmes et leurs genres) et surtout ambitieux. A n'en pas douter, Huston mérite de figurer parmi les plus grands.
En conclusion, "L'homme qui voulut être roi" est un grand film d'un grand réalisateur. Ne le manquez pas si vous avez l'occasion de le découvrir ou de le revoir.

lundi 22 janvier 2007

[Livre] La vie quotidienne des Aztèques avant la conquête Espagnole - Jacques Soustelle

Thème et Critique : 1519, année fatidique pour l'empire Aztèque, celle de la rencontre avec l'espagnol Cortès. Ce livre est une merveilleuse ouverture sur cette fabuleuse civilisation Aztèque née 300 ans plus tôt et originaire de la malconnue et étrange civilisation Toltèque.
La cité, la cosmologie, les croyances religieuses et les rites des Aztèques y sont présentés, mais aussi l'organisation sociale et politique et les cadres qui rythment l'existence quotidienne. L'auteur y conjugue habilement (sans pesanteur d'érudition) le regard de l'ethnologue et le savoir de l'historien.

[Livre] La peau de chagrin - Honoré de Balzac (1831)

Le thème : 1830. La révolution de Juillet a eu lieu. Charles X est chassé du pouvoir et c'est désormais le temps de la monarchie libérale sous le règne de Louis-Philippe.
Raphaël, jeune homme au désespoir (je ne dévoile pas les raisons) et suicidaire,longe la seine le long du Quai Voltaire. Il s'arrête par curiosité dans une étrange boutique d'antiquaire. Là, un vieil homme lui propose une peau de chagrin capable de réaliser tous ses voeux. Mais la contre-partie est de poids : A chaque voeu exaucé, la peau de chagrin se réduira jusqu'à sa disparition totale signifiant par là-même la mort de son possesseur.
Critique : Tous les grands thèmes d'Honoré de Balzac sont présents dans cette oeuvre de jeunesse (Balzac a 30 ans lors de l'écriture). La peinture de la société bourgeoise de la Restauration, la passion qui dévore des êtres trop faibles pour la contenir, la description du Paris de 1830 et la présence de "second rôle" tel Rastignac qui viendra enrichir le procédé du "retour des personnages" génialement inventé par Balzac dans son cycle de "la Comédie Humaine".
La thématique fantastique est fortement ancrée dans le réel avec l'objet de "la peau de Chagrin" qui donne un caractère concret à la damnation de Raphaël (Oscar Wilde reprendra l'idée dans son "Dorian Gray") .
Les amateurs de Balzac retrouveront son style, très (trop?) richement descriptif, ils s'intéresseront à la peinture sans concession de la société de cette époque et à l'aspect en partie autobiographique du roman (Raphaël étant ici clairement une sorte de double pour l'écrivain).