lundi 16 avril 2007

[Livre] Louis XI - Jean Favier - 2001


Le thème : Jean Favier, grand spécialiste de la guerre de 100 ans et du bas moyen-âge, nous livre une excellente biographie d'un roi méconnu mais majeur de l'histoire de France : Louis XI (1423 Bourges - 1483 La Riche)

La critique : Louis XI fait figure - avant l'heure - de modèle "Machiavelien", préparant sans cesse la guerre pour ne pas la faire mais usant des ressorts bien connus de la nature humaine: peur, ruse, flatterie et corruption.
Son bilan politique est impressionnant. A sa mort, il laisse les frontières du Royaume de France presque dans l'état que nous lui connaissons aujourd'hui. Lui, que les grands féodaux et même son frère Charles auraient bien voulu réduire à nouveau à n'être que le roi de Bourges, sut vaincre les plus graves périls, traiter avec ses ennemis à son avantage et tromper tout son monde.
Il fut le roi qui clôtura la guerre de 100 ans en faisant abandonner les prétentions du Roi d'Angleterre sur la couronne de France. Il amena son cousin Charles de Bourgogne (dit Le Téméraire) à sa perte aux mains de montagnards suisses stipendiés, jouer la Catalogne contre l'Aragon et inversement pour obtenir la Cerdagne et le Roussillon. Il démembra le très puissant duché de Bourgogne sous prétexte de garantir les droits de la fille du Téméraire.
L'homme est tout aussi passionnant, faussement modeste et très pieux. Du jeune Dauphin haïssant son père (Charles VII) et manipulé par les grands princes, il devient peu à peu le roi machiavélique dans toute sa splendeur. Bien caché derrière les cages de fer du petit château de Plessis-les-Tours, Il s'entoure de conseillers parfois inconnus. Il saura planifier constamment la division des grands et recourant plus souvent à la ruse et à «la diplomatie aux cent mille écus» qu'à la guerre. Commynes, qui quitta Le Téméraire pour le servir, en disait: "à la fin du compte, qui en aura le profit en aura l'honneur" résumant parfaitement de ce qu'on appellera plus tard la raison d'État.
Louis XI, roi mal-aimé et mal connu, fut souvent décrié et caricaturé comme un roi cruel et sournois. Il n'a pourtant pas inventé la duplicité et les méthodes "dures" envers ses opposants politiques étaient surtout celles de son temps. Il reste le premier des "souverains absolus" et n'eut jamais qu'un but dans sa vie : faire son métier de roi.